D'ailleurs, la double licence, parlons-en. Plus j'y réfléchis, et plus je me dis que c'est une connerie monumentale : administrativement, on vous met le plus possible de bâtons dans les roues, et au final, j'ai comme l'impression que ça ne sert à RIEN.
Pour ce qui est des embûches administratives en tous genres : alors qu'un grand nombre d'élèves de L3 suivent 2 cursus en parallèle, ex-KH obligent, cette particularité n'est aucunement prise en compte lors des inscriptions, où les bi-parcours (approximativement 22h / cours par semaine, c'est vrai que c'est lourd comme emploi du temps.....) sont prioritaires sur nous, et où l'on nous refuse souvent une place dans des tds complets, alors qu'il est possible d'ouvrir les quotas pour supprimer une place dans un cours le lendemain. Chaque ufr a sa politique en matière de reconnaissance des cours suivis dans un autre ufr, et on n'est jamais sûr que tel cours sera bien validé dans nos deux ufrs.
Pour ce qui est de l'utilité d'un double parcours, plus j'y pense, et plus que je me dis que ça ne sert à rien, à quelques exceptions près, comme les double parcours qui apporteraient vraiment des connaissances distinctes et approfondies pouvant être utilisées par la suite (genre anglais / cinéma, qui serait un avantage pour postuler auprès d'une entreprise de cinéma qui voudrait une bonne maîtrise de l'anglais). Parce que là, j'aimerais bien savoir ce que je vais faire de plus, avec une licence de Lettres sur mon CV, que des élèves ayant seulement fait une licence de Cinéma. Je pourrai dire que je sais faire une dissertation ? Que j'ai des bases en linguistique ? Que je connais Tacite et la vie d'Auguste ? Avant de vous lancer dans une double licence, réfléchissez-y à deux fois, et préférez de loin les parcours aménagés quand ils existent (avec le recul, je me dis que je n'aurais pas perdu grand-chose à faire plutôt une licence de Cinéma parcours Lettres, et que ce parcours aurait en plus été réellement aménagé...). Sauf si vous savez vraiment que vous aurez un profil intéressant en ayant deux licences. Ce qui n'est vraiment pas mon cas.
Je dois dire que la licence de Lettres Modernes en elle-même n'est pas étrangère à tout ça, bien au contraire. Je n'ai repris les cours que depuis deux semaines, mais je me demande déjà chaque jour pourquoi je continue cette foutue licence, dont les cours m'ennuyent de plus en plus. Surtout que je sais que je continuerai pas en Master de Lettres plus tard.
Je crois que je continue en grande partie par pression familiale, parce que ma mère est persuadée qu'avec une licence de Cinéma, on ne fait rien. Elle a raison, en un sens. Sauf qu'avec une licence de Lettres, on ne fait rien non plus. Excepté prof, et ce n'est pas le genre de métier que j'ai envie de faire par défaut. Je continue aussi parce que je n'ai pas envie que ce soit la première chose que j'abandonnerais vraiment dans mon parcours scolaire, alors qu'au niveau des résultats, je n'ai pas (encore) de raison objective d'abandonner. Mais je vais en cours uniquement parce que les profs font l'appel, et j'ai fait une demande d'inscription en examen final (pas d'obligation d'assiduité, pas de devoirs à rendre) dans le plus de cours possible. Si ma demande est rejetée, je pense que j'envisagerai l'abandon avec beaucoup plus de sérieux.
Je suis déprimée d'avoir deux fois plus de cours qu'un élève normal, d'enchaîner parfois 5h de cours sans pause (il n'y a pas d'intercours à la fac), de devoir déjeuner entre 10h et 10h30 à cause de cette licence qui ne m'apporte plus aucun plaisir.
J'ai l'impression de me noyer. Déjà. Peut-être parce que rendre 15 dossiers au cours d'un semestre, ça me paraît irréalisable. Peut-être parce que passer 15 partiels dans une même semaine, c'est purement et simplement du suicide. Je ne sais pas si tout a à ce point changé depuis l'année dernière, où j'ai validé mes L2 avec des moyennes relativement bonnes. Peut-être que je pourrais avoir les mêmes résultats cette année.
Mais à cause de cette fichue double licence, je ne peux pas bosser à côté des cours, je ne peux pas faire de stage, je ne peux pas me consacrer correctement aux projets que j'ai à côté des cours (passer mon permis de conduire et préparer des concours d'écoles cinéma, entre autres), je recommence à dormir 5h par nuit, à m'écrouler quand je rentre chez moi et à avoir l'impression de ne plus gérer ma vie en dehors des cours.
Je suis désolée de ce pavé illisible, mais il est aussi – surtout ? – pour moi, parce que j'ai besoin de me poser deux minutes avant d'entamer cette troisième semaine de cours, qui me paraît plutôt être la vingtième. Je ne veux pas céder à la facilité en abandonnant les lettres d'un claquement de doigts. Je ne veux pas non plus vraiment continuer, mais peut-être que je regretterai si j'arrête maintenant et que je me retrouve à avoir 15h de cours par semaine seulement.
La seule façon que j'ai trouvée pour ne pas perdre pieds, c'est de me tourner autant que possible vers l'avenir. De me dire que c'est ma dernière année comme ça, à 30h de cours par semaine, avec de la linguistique, des cours à 60 élèves par classe. Je me renseigne sur les écoles de cinéma. Sur les Masters 2 qui mèneraient aux boulots qui m'intéressent (même si, avant ça, il faut passer par un Master 1, et rien que de penser à de nouvelles inscriptions pédagogiques...). Sur les possibilités de fuir loin pour cette année de M1, fuir où on parle anglais, ou français avec un accent bizarre. Dans une ville avec des initiales cool, comme N.Y. ou L.A.. Ou dans une ville sans initiales, comme Montréal.
Sur ce, je vais arrêter là cet article déjà bien trop long, le mettre sur mon blog, et me demander toute la nuit si ça valait bien le coup de vous le faire partager...