Vous avez lu dans l'article précédent des évidences à propos de l'aspect technique du choix des prépas, c'est-à-dire la fameuse liste de voeux.
Mais en fait, j'aimerais surtout, avec le recul dont je dispose maintenant, vous donner quelques conseils sur le choix de SA prépa, c'est-à-dire de la prépa qui convient à chacun plus spécialement.
Mes conseils valent ce qu'ils valent, ils sont tirés de mon expérience personnelle et de ce que j'ai pu voir à droite et à gauche chez d'autres hypokhâgneux, à vous d'en retirer ce qui vous intéresse !
Pourquoi la prépa ?
D'abord, avant de vous demander quel lycée choisir, demandez-vous pourquoi vous voulez aller en prépa : même si toutes les prépas ont avant tout vocation à préparer au concours de l'ENS, l'esprit n'est pas le même d'un établissement à l'autre.
Si votre objectif ultime est l'ENS, il paraît assez logique de choisir un lycée dont le taux d'intégration est élevé. Evidemment, les très bons établissements le sont car ils choissent de très bons élèves : un très bon élève n'a pas besoin, à mon avis, d'être dans une prépa 4 étoiles (enfin vous avez compris l'idée) pour réussir. Ensuite, à vous de voir si pour réussir, vous avez besoin de vous mesurer à dix fois meilleur que vous, si vous n'avez pas peur de vous retrouver en fin de classement et si vous recherchez ce type d'émulation. Je suis moi-même, par choix, dans un « petit » lycée, et j'ai pourtant été la première, aux portes ouvertes de mon lycée, à conseiller aux élèves dont le but était les concours de se diriger plutôt vers les « grands lycées ».
Il y a aussi des élèves qui, comme moi, sont entrés en prépa simplement pour approfondir les matières du lycée, se donner un ou deux année(s) de réflexion avant de faire un choix entre toutes ces matières, pour acquérir une certaine culture générale et apprendre à bosser. Pour moi, que les concours n'intéressaient (et n'intéressent) absolument pas, il était évident que j'allais me diriger vers un lycée réputé pour sa bonne ambiance plutôt que pour ses bons résultats à l'ENS (loin de moi l'idée que les deux sont incompatibles, mais je ne pense pas que le premier argument des « grands » lycées soit « Venez chez nous, l'ambiance est géniale ! », ce qui n'empêche pas l'ambiance d'être bonne dans ces lycées-là aussi).
Encore une fois, l'opposition est caricaturale : en entrant en prépa, on ne sait pas trop pour quoi on s'est engagé, et on fait souvent des découvertes au fil de l'année, donc on peut très bien arriver en Hypokhâgne en ayant dans l'idée d'intégrer la fac l'année suivante et se retrouver finalement en Khâgne. Bref, vous pouvez aussi décider de choisir des prépas uniquement en vous basant sur des statistiques, c'est une façon comme un autre de choisir.
Une prépa à son niveau
Le niveau d'une prépa est fait par ses élèves, ok. Il n'empêche qu'il y a tout de même des tendances générales, vu que les très bons élèves se dirigent souvent vers les mêmes lycées.
Quand je suis allée voir mon conseiller d'orientation en Terminale, il m'a dit : « Choisissez une classe prépa à votre niveau, ni trop forte, ni trop faible. » Je pense que c'était un conseil plus que sensé. La difficulté, ensuite, c'est d'estimer son niveau par rapport à la prépa.
On dit souvent que si une prépa nous a accepté, c'est qu'on a le niveau pour cette prépa. Que dire alors des élèves qui finissent derniers de leur prépa ? Peut-on dire qu'ils ont « le niveau » ? Puisque les grands lycées disent au revoir à certains de leurs élèves en fin d'Hypokhâgne, on peut se dire que non. Je veux en venir au fait qu'on peut être accepté dans une prépa alors qu'on n'y croyait pas du tout, mais qu'on peut aussi se casser complètement la gueule une fois admis dans cette prépa : le plus dur, ce n'est pas d'être admis, c'est de faire ses preuves une fois en prépa.
S'il y a bien une question à se poser quant au choix d'aller en prépa, c'est celle-là : « Comment réagirais-je si je finissais dans les derniers de ma prépa ? » Je ne suis pas en train de dire que si vous n'êtes pas sûrs dans les premiers, il faut laisser tomber ! Mais rares sont les élèves de Terminale admis en prépa qui savent ce que ça fait de se retrouver en queue de classe, puisqu'ils ont la plupart du temps eux-mêmes été choisis parce qu'ils faisaient partie des meilleurs élèves ! Alors évidemment, ce n'est pas facile de savoir comment on réagirait sans avoir vécu cette situation.
Avec le recul, je pense que j'aurais très mal supporté le fait de finir 47ème/48 dans un « grand » lycée, et que je n'aurais pas du tout vécu la prépa de la même façon. A mon avis, le plus confortable est de se retrouver dans une prépa où on fait partie de la 1ère moitié de la classe. (Ce qu'on ne peut pas savoir avec certitude avant d'y entrer, c'est bien la difficulté !)
Mais il y a des élèves qui vivent bien leur classement, donc je suis loin de vouloir déconseiller aux élèves qui tentent les « grands » lycées « pour voir » de les inclure dans leurs voeux.
Quant à la tendance inverse, c'est-à-dire celle qui consisterait à se retrouver dans une prépa trop faible pour soi... je pense qu'elle n'existe pas ! C'est un fantasme de très bon élève de Terminale, qui se dit : « Je préfèrerais être 30ème dans une prépa très sélective que 1er d'une 'petite' prépa ». D'abord, il y a de très bons élèves partout : qui vous dit que vous ne trouverez pas plus fort que vous dans une petite prépa ? (Pour y être, je vous assure qu'on y trouve des gens aussi brillants qu'ailleurs !) Ensuite, les profs ne nivellent jamais par le bas : je ne pense pas que les cours d'une 'petite' prépa soient d'un moins bon niveau que les cours d'une 'grande' prépa !
Bref, le mieux est de se retrouver dans une prépa qui vous donnera les moyens de réussir, c'est-à-dire où vous ne vous sentirez pas accablé par votre classement et où vous aurez envie de faire encore mieux. Plus facile à dire qu'à faire...
L'environnement
Un élément qui paraîtra peut-être accessoire à certains, mais qui n'est pas forcément négligeable dans un type d'études où on passe la moitié de sa journée dans le même bâtiment !
Le mieux est évidemment d'aller aux portes ouvertes, mais il est sûrement trop tard pour ça maintenant. Certes, vous n'aurez pas forcément le temps de vous balader tous les jours dans le quartier de votre prépa, mais avoir une bibliothèque, des cafés à proximité peut être un atout. (Encore plus si vous êtes internes, j'imagine.)
Vous verrez qu'en hiver, quand il fera nuit quand vous vous lèverez, nuit quand vous rentrerez chez vous, vous serez sûrement bien contents de retrouver chaque jour un environnement que vous appréciez.
Le transport
Je finis par le point le plus matériel, mais indispensable : le trajet pour aller de chez vous à votre prépa. Bon, si vous êtes internes, ou que vous avez la possibilité d'habiter en foyer, forcément ça change la donne. Mais si vous restez chez vos parents, réfléchissez bien au trajet qu'il vous faudra effectuer chaque jour pour vous rendre dans votre prépa : la plupart du temps, les cours commencent tôt et finissent tard, et passer du temps dans les transports en commun est le dernier truc qu'on ait envie de faire après les cours...
Honnêtement, si deux prépas vous tentent autant l'une que l'autre, n'hésitez pas : choisissez la plus proche de chez vous ! Ce n'est pas tellement pour moi le problème du temps de travail en moins, mais plus de la fatigue accumulée.
On parle souvent d'un maximum d'1h aller/retour de transports par jour. A Paris, je considère ça comme un luxe : jusqu'à 1h30 a/r de trajet, ça reste largement supportable. Ensuite, à vous de voir si vous vous sentirez capables de tenir le rythme pendant une année. (Pour info, il y a une élève dans ma classe qui a près de 3h a/r de transports par jour ! C'est loin, très loin d'être des conditions idéales pour la prépa, mais elle tient le coup.)
Voilà, je crois n'avoir rien oublié de fondamental, je m'arrête donc là pour les conseils.
Ah non, un petit dernier pour la route : la meilleure façon de vous faire une idée de la prépa que vous envisagez est... de parler avec des (hypo)khâgneux de cette prépa ! Ils ne seront pas forcément très objectifs, mais au moins ils auront sûrement des réponses à vos questions, s'étant posé les mêmes à votre place !
(Bientôt, un article à venir sur ma prépa, puisque j'ai eu pas mal de questions sur le sujet.)