Avant de quitter totalement la sphère hypokhâgneuse, avant de déclarer tout ça officiellement terminé...
La question qui est le plus souvent revenue dans la bouche de ceux, professeurs, parents, amis, qui ont tenté de me pousser à aller en Khâgne, à rempiler pour un an, était celle-ci : « Tu es sûre que tu ne vas pas regretter ? » Je crois que j'en ai parlé il y a quelques mois, alors que l'année était sur le point de s'achever, que les dossiers des futurs KH étaient partis depuis longtemps, et que ma prof de philo, à la dernière heure du dernier cours, me posait une dernière fois cette question (vouvoiement de rigueur, bien sûr)...
La réponse était oui : oui, je suis sûre que je ne le regretterai pas. Si j'avais eu le moindre doute, si j'avais pensé que je me pourrais plus me plaire en Khâgne qu'en fac, j'aurais probablement sauté le pas et rempli ces petites fiches avec leurs petites cases pleines de choix alléchants (une Khâgne Lyon spé géo ? le rêve !).
J'étais sûre de moi. Et je lui suis toujours autant : s'il y a quelque chose dont je serai (suis ?) nostalgique, c'est bien de l'Hypokhâgne ! Si je devais choisir entre aller en KH ou refaire une année d'HK, je choisirais la deuxième solution sans hésiter. Se lancer dans l'aventure avait quelque chose d'excitant, je ne savais pas trop dans quoi je mettais les pieds. La décision d'aller en Khâgne me semble bien différente : on sait à quoi s'attendre après un an de prépa. Les khôlles, les concours blancs, les nuits quasi blanches...
Je viens juste de remarquer que nous sommes le 12 septembre : depuis 10 jours, les anciens HK sont devenus Khâgneux. Dans un mois tout pile, je reprends les cours. J'étais presque jalouse, après la Terminale, de tous ceux qui avaient choisi d'aller à la fac, et avaient au moins un mois de vacances de plus que nous, les futurs martyrs... Et maintenant, je récupère ce mois que la prépa m'avait... disons 'emprunté', et je me rends compte que j'envie presque les Khâgneux : certes, ils se retrouvent pour la plupart dans des classes de 65 élèves, avec deux fois plus de boulot qu'en HK, mais ils vivent déjà toute cette excitation liée à la prépa, mélange d'angoisse et d'adrénaline. Ce que moi, j'ai refusé pour aller à la fac. Quelque part, j'aimerais presque que les cours soient avancés d'un mois. J'aimerais bien pouvoir leur raconter mes cours aux intitulés prometteurs, mes semaines de 30h... C'est assez bizarre, de se retrouver un peu laissé au bord de la route, comme l'ont été ceux qui ne sont pas allés en HK et que l'on a peu à peu perdus de vue au fur et à mesure que l'année s'écoulait.
J'ai presque l'impression que l'HK me manque déjà. J'aimerais pouvoir me glisser dans la salle de classe des nouveaux HK, écouter les profs faire peur aux élèves avec leurs bibliographies interminables. Les Khâgneux ont découvert de nouveaux profs, une nouvelle classe. Moi j'attends de commencer quelque chose de neuf et de différent, et pour le moment, j'ai un ridicule petit pincement au coeur en me disant que notre HK ne nous appartient plus, comme elle n'appartient plus à ceux qui l'ont peuplée avant nous. Les profs ont de nouveaux élèves à sous-noter, la proviseure de nouveaux HK sur lesquels se défouler...
Mais au fond, le fait que je ne ressente pas la fin de l'HK comme une libération prouve quelque chose : la prépa n'était pas un bagne, au contraire. Mais il est vraiment temps de considérer que cette année de ma vie est définitivement achevée, parce que consacrer tout un article dont le titre suggère l'absence de regrets à l'année qui vient de s'écouler... c'est pitoyable...