« Et si c'était à refaire ? » me demandait une future hypokhâgneuse dans un commentaire, il y a quelques semaines.
Les gens qui continuent à me dire, encore aujourd'hui « Mais pourquoi tu abandonnes la prépa ? C'est teeeellement dommage ! » n'ont clairement pas la bonne réponse à cette question. Ce n'est pas parce que je ne vais pas en Khâgne (le prochain qui me dit que j'ai « abandonné » la prépa, je l'assomme à coups de Gaffiot ou de Palgrave (mes petits camarades qui passent sur ce blog de temps en temps comprendront)) que je n'ai pas aimé mon année d'Hypokhâgne. Oui, oui et trois fois oui : si c'était à refaire, je re-signerais sans hésiter une seconde !
Je ne vais pas mentir en vous disant que je me suis éclatée toute l'année, que je n'ai jamais eu envie de partir... Bien sûr qu'en décembre, quand il fallait se lever à 6h45 et partir au lycée, après avoir dormi 5h, dans le froid et la nuit, je n'avais qu'une seule envie : être ailleurs. Pas vraiment partir, mais juste être ailleurs pour quelques jours. (En prépa, on mesure pour la première fois la nécessité au sens fort des vacances.) Oui, il y a eu des moments difficiles. Mais il y a aussi eu des moments à côté desquels j'aurais regretté d'être passée. Je ne vais pas détailler, parce que chacun prend de la prépa ce qu'il veut en prendre, mais je retiendrai quand même les fous rires incontrôlés / incontrôlables, les moments de complicité, les coups de gueule (parce que p*tain, parfois ça fait du bien !), l'euphorie des khôlles réussies...
Il y a quelques jours, j'ai trouvé LE mot. Le mot qui définit exactement ce que la prépa a été pour moi. Je l'ai même écrit sur le dos de ma main pour ne pas l'oublier, c'est vous dire. « Impulsion ». Bon, oui, il a l'air tout con, ce mot de 3 syllabes, vu comme ça. Mais il explique pas mal de choses : pourquoi je ne considère pas le fait de ne pas aller en Khâgne comme un échec. Pourquoi je suis allée en prépa alors que j'aimais déjà assez peu de matières au lycée. Pourquoi, pour moi, la prépa est loin d'être une finalité.
Il m'a fallu 10 mois pour m'en rendre compte : la prépa, c'est une impulsion ! (Vous voyez, le genre de truc qui vous réveille de votre sommeil dogmatique... ah ah.) Sérieusement, la prépa n'est pas seulement un coup de pied à l'ego : c'est aussi un coup de pied dans tout ce qui est latent en nous, tout ce qui attend d'être... hmm... bousculé pour se réveiller.
Sans la prépa, je n'aurais probablement jamais ouvert un bouquin d'histoire de ma vie. Je ne me serais sûrement jamais intéressée au XIXème siècle et aux relations des Français à leur patrie.
Sans la prépa, je n'aurais jamais même essayé de lire Kant. (Bon, même avec la prépa, j'ai pas vraiment réussi...) Je n'aurais jamais découvert que la philo, c'est géniaaaaaaal !
Sans la prépa, j'aurais sûrement mis des années avant de lire autre chose qu'Harry Potter en VO. Et accessoirement, je ne saurais pas comment dire « velours côtelé », « gravure sur bois » ou tout un tas de trucs qui ne me serviront probablement jamais sauf à (essayer d')épater la galerie.
Sans la prépa, je n'aurais jamais su qu'en allemand, le coq fait kikeriki et pas cocorico.
La prépa pousse à s'intéresser. Pas forcément à des choses utiles dans la vie de tous les jours, c'est sûr. Mais je sais que la sans la prépa, je n'essayerais pas de suivre deux licences en parallèle et qui n'ont rien à voir l'une avec l'autre l'année prochaine. Indirectement, la prépa m'a même permis ne serait-ce que d'envisager de me présenter à des concours où il y a une épreuve orale. (Et d'imaginer les réussir, pourquoi pas...)
Alors oui, c'est clair, il y a beaucoup de choses que je ne découvrirai pas en n'allant pas en Khâgne. Mais je suis sûre qu'il y a bien d'autres choses à découvrir à la fac, ne vous inquiétez pas pour moi. ;)
PS : Désolée pour la touche d'humour pourrie, mais vous ne trouvez pas que ce titre a des échos un peu honteux, quand même ?